Il faisait froid, la tempête tapait fort dehors dans la nuit. Les arbres se pliaient sous la force du vent, des éclairs fusaient de toutes part, mais malgré ce temps, un homme était dehors. Il bataillait avec la pluie pour pouvoir arriver à sa destination. Il avait dû laisser son cheval en bas de la colline pour venir. Il portait une cape noir, invisible dans la nuit, des cheveux de la même couleur, tombaient sur ses épaules, et ses yeux bleus luisaient dans l'obscurité. Une énorme cicatrice parcourait également sa joue. Cet homme n'avait qu'une seule idée en tête, reprendre son fils pour veiller sur lui. Il ne se trouvait qu'à quelques pas d'ici, dans une petite chaumière. On le lui avait enlevé des années plus tôt, et n'avait pu le reprendre à cause de ses poursuivants. Grâce à un mage d'une grande puissance, se révélant être une ancienne connaissance, il réussit à s'en débarrasser, et eu le temps d'aller chercher son fils.
Un éclair fusa sur l'arbre près de lui. Il s'en est fallu de peu, songea-t-il. Il ouvrit la porte de la chaumière d'un fort coup de pied. Entra, et fut surpris de ce qu'il vit...
Je vous conterais l'histoire d’Arcas, cet homme autrefois cruel qui a dévoué sa vie à son fils. Une histoire plein de périls, de sang, de magie. Une histoire de vie ou de mort.
*
* *
Un roi allait être élu. Rien que ça. Mais qui dit nouveau roi, dit ancien roi. Celui-ci venait de mourir, pour le plus grand malheur de son benjamin, Adelvis, et pour le plus grand bonheur de son aîné, Arcas. Dans la plupart des royaumes, c'est l’aîné qui est directement choisi roi, mais dans celui d'Aldriff, c'est la reine, le capitaine de la garde royale et l'archimage qui choisissent. Selon les habitants, ça serait Arcas qui sera choisi pour sa force et son courage. Il était robuste, et très bon au maniement de l'épée. Mais son petit frère avait le don de convaincre les gens, par on-ne-sait quel moyen. Il était certainement moins fort, mais il avait tout de même une chance d’être élu. Il avait les mêmes cheveux noirs comme la nuit de son frère. Et ses yeux, contrairement à Arcas, sont d'un gris très profond, miroitant si l'on ose le dire. Arcas a dévoué sa vie à son destin royal, et c'est alors, que dans sa chambre, le jour d'avant le choix final, il eut une vision. Une vision où il se voyait, échouer, le lendemain. Ébranlé, il pleura toutes les larmes de son corps, et quand il allait s’ôter la vie...
Il se réveilla en sursaut, dans sa chambre, couvert de sueur. Ce n'était qu'un rêve, se dit-il. Mais il n'arriva pas à se rendormir, et alla donc regarder les étoiles en descendant dans la cour.
«Que fais-tu ici, à une heure aussi tardive ? lui demanda la reine Kléila, sa mère.
- Je regarde les étoiles, mère, je ne trouve pas le sommeil.
- Je croyais que la mort du roi Aragon ne t’avait pas bouleversé. S’inquiéta la reine.
- Ce n'est pas ça.
- Peut-être, que tu ne penses pas que nous te choisirons, demain ?
- Si, je vous fais confiance. »
Et il repartit dans sa chambre, pour éviter l'avalanche de questions de sa mère.
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« Hé ! Arcas ! Réveille-toi !
- Hmm... Mère ?
- Oui ! La cérémonie va commencer ! Dépêche-toi !»
Et Kléila partie de la pièce d'un claquement de porte.
Hmm... Mon frère n'a aucune chance. Songea l’aîné. Il est faible, trop faible. Je serai roi, j'y suis destiné. Il se leva, se prépara en prenant tout son temps, le roi avait tous les droits pensait-il. Tous. Il avait toujours obéi à son père, le grand Aragon premier. Les autres feront pareil.
Pendant ce temps, dans la cour, les invités arrivaient, les marchands, profitant de l'occasion, venaient vendre leurs produis. Les gardes étaient aux aguets, craignant une attaque.
Et dans la maison sacrée, là où les décisions importantes étaient prises, une dispute commençait à éclater...
« Arcas est fort ! Adelvis ne ferait pas un bon roi, je vous le dis ! s'écria le capitaine de la garde royale, un homme grand, pourvut d'une forte musculature, et de longs cheveux blonds tombant sur ses épaules. Il portait un long glaive sur son flanc droit, il était gaucher.
- Ce n'est pas la force qui fait un bon roi, vous l'avez bien vu avec le prédécesseur d'Aragon, paix à son âme, qui a très bien régné ! le contredit l'archimage, qui pour la première fois, était une femme. Elle n'était pas très grande, mais avait un fort caractère. Ses cheveux roux atteignant ses épaules en larges boucles étaient rares dans cette contrée, elle portait dans son dos un long sceptre, avec dessus gravées des runes anciennes indéchiffrables.
- Elle a tout à fait raison, cher Cyprion dit la reine Kléila, le trône appartient à Adelvis, vous ne pourrez rien y faire.
- Et pourquoi donc chère reine ? répliqua Cyprion, le capitaine de la garde, provoquant la reine avec son insolence.
- Si vous continuez ainsi, et que vous refusez de faire monter Adelvis sur le trône, c'est la mort qui vous attends.
Il s'en suivit d'un long silence, très tendu entre les trois grands personnages.
- Je ne connais pas vos intentions... Mais je préfère éviter le conflit, murmura Cyprion entre ses dents, en regardant Kléila avec colère, je ne suis pas aussi stupide que l’on pourrait le penser, mais faites attention à vos propos Kléila.
- Vous avez raison. Termina l'archimage. »
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* *
Les Trompettes sonnèrent, sous un ciel assez gris, qui aura déçu de nombreux marchands et touristes. Un inconnu pourvut d’une longue cape noire, cachant son visage alors invisible, fut interpellé par un garde.
« Hé toi ! Tu as une invitation ? lui demanda le garde.
- Non, et je m'en contrefiche. répondit l'inconnu d'une voix grave, menaçante.
- Tu t'en contrefiche ? Oh mais tu vas...
L'inconnu prononça quelques mots inaudibles, et le garde fut pulvérisé sur les remparts. Il avait en réalité fait le sort de Neholy, provoquant une forte bourrasque de vent sur un point précis.
- Ridicule... Hmm, je devrais peut-être le cacher. Murmura l'inconnu, caché sous sa cape, en rigolant légèrement. Il le traîna par les pieds dans le corps de garde, qui était vide à cause du couronnement. Il vaudrait mieux passer inaperçu, songea-t-il. Il enleva sa cape, dévoilant de longs cheveux blancs tombant dans son cou, un regard menaçant avec des yeux orangés. Cet individu aurait effrayé n'importe quelle personne normale, mais comme toujours, il s'en contrefichait. Il n'avait qu'un objectif, et il l'accomplirait. L'inconnu d’autres mots inaudibles, et se transforma en oiseau d'un blanc immaculé. Il commença à s'envoler hors du corps de garde, lança un cri strident, puis se dirigea vers la résidence de l'aîné, en se posant sur le toit.
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* *
Vêtu d'une belle armure dorée et d'un long glaive serti de pierres précieuses, obtenues dans le trésor de la famille, Arcas sortit du château, la cape volant au gré de ses pas, précédé de son frère, Adelvis, pourvut d'une simple armure argentée. Toute la garde royale les suivait, portant pour certain des drapeaux ornés du blason de la famille royale. Derrière la garde, se trouvait la reine Kléila, Cyprion le capitaine de la garde, et l'archimage.
« Ô grand peuple d'Aldriff, commença Kléila, j'ai l'honneur de vous annoncer le prochain roi. Sachez que le choix a été difficile, entre la bravoure d'Arcas, et l'intelligence d'Aldriff. Mais pour honorer l'ancien roi Aragon premier, qu'il repose en paix, non avons dû trancher. Cyprion, capitaine de la garde royale, Néphalia, grande archimage, et moi-même, avons l'honneur de vous annoncer, que le nouveau roi sera...
Le suspens était tel que Arcas commençait à douter. Il se rappela un jour, où il eut une conversation avec quelqu'un…
Il y a des années de cela....La nuit venait de tomber. Il commençait à faire froid, mais ce n'était pas grave, Arcas et un autre homme étaient assis autour d'un bon feu, à discuter. Dans une petite chaumière, sur une colline perdue d’un royaume perdu. L’homme était vêtu de modestes vêtements, montrant qu’il ne roulait pas sur l’or. Ses cheveux noirs commençaient à blanchir, montrant sa vieillesse évidente. « Tu sais Arcas, commença l'autre homme, tu devras bientôt partir. Je ne peux te garder plus longtemps. - Mais, c'est impossible, comment vais-je faire moi ? - Tu sauras trouver ta voie. - Mais comment ? Lui répondit l'enfant, inquiet. - J'ai vu... J'ai vu l'avenir. Tu ne peux plus rester ici. La guilde… Ils vont venir. La porte s'ouvrit d'un coup sec. Dehors, des hommes tout de noir vêtus tenant des poignards s'approchaient. Toi ! Je sais que tu es là ! Cria l'un d'entre eux. - Fuis, sauve ta vie. » « Le nouveau roi sera... Reprit Kléila. Le grand Adelvis !»
La foule, légèrement surprise, applaudis. Mais tout le monde n’était pas réjoui.
« On m'a trahi... Ma mère m'a Trahi... Elle ne mérite que la mort ! » Rugis l’aîné de colère. Arcas sorti son glaive de son fourreau, et s'approcha de sa mère.
- Reine ! Votre heure est arrivée, je vous tuerais de mes mains, je me vengerais, j’aurais dû devenir roi !
- Qui ai-je trahi ? Répondit-elle avec un rictus mauvais. Pourquoi t'aurais-je choisi ?
Arcas pointa son épée dorée sur la gorge de la reine. La foule les ignorait. Elle se concentrait sur Adelvis, pour être bien vu, et s'attirer des faveurs. Un étrange oiseau survola le ciel. On pouvait apercevoir ses yeux, légèrement oranges.
- Moi ! Hurla Arcas, fou de rage. Tu me l’avais juré ! »
L'archimage Néphalia l’aperçut du coin de l’œil, craignant pour la vie de sa reine, elle se dépêcha vers elle, mais fut bloqué par l’oiseau qui avait tout juste reprit sa forme humaine.
- Pousses-toi de là sorcier ! Cria-t-elle. Elle lança le sort connu de Neholy, mais dans sa précipitation, il perdit beaucoup de sa puissance. L'homme le contrat d'un simple mouvement de bras.
- Il ne fait que suivre sa voie, tu ne passeras pas. L'inconnu sorti une large épée de son dos, et la menaça l’archimage de celle-ci.
- Ah tu crois me tuer ? Tu ne peux…
L’homme aux cheveux blancs l’interrompit, et la décapita tout simplement. Mais l’archimage n’avait pas dit son dernier mot, la personne tuée avait disparu. Une illusion ; un sort comme un autre.
Elle est bien trop forte pour moi… Songea l’inconnu, surpris par Néphalia s’étant téléporté dans son dos, se servant de son bâton pour augmenter ses pouvoirs. Pour le moment, on verra plus tard, je vais prendre Arcas et je vais me sauver, c’est la seule solution. Même la Reine a l’air de savoir se battre !
Et pendant ce temps, Cyprion – voulant éviter une guerre civile - s’avança vers la foule. Et cria : « Le roi est élu et la cérémonie terminée, veuillez rentrer chez vous. »
« Arcas ! Ne fais pas l’inévitable, tu sais de quoi je parle ! Hurla l’inconnu aux cheveux blancs, esquivant une puissante boule de feu frôlant sa tête et brûlant quelques cheveux au passage.
Son rêve… Il allait se suicider. Non, ce n’était pas un rêve, mais une vision. Soudain tout devint clair, sa mère avait tout préparé, et aurait pu prêcher l’accident ; tous les civiles étaient partis. Il se mit en position de combat, comme le lui avait enseigné Cyprion, et commença à tracer un large arc de cercle vers sa mère. Envahi par la rage, il ne vit pas qu’il n’avait aucune chance. Il frappa le vide et le noir emplit sa vue. Il ne succombera pas à cause de sa tristesse, mais à cause de sa rage, et de la reine Kléila…Sa mère…